divendres, 11 de maig del 2018

Le 23 février 1898 Zola était condamné pour son article «J'accuse...!»

 Il y a 120 ans le verdict du procès de l'écrivain Émile Zola tombait: un an de prison et 3.000 francs d'amende. Il était poursuivi pour diffamation à la suite de la parution dans L'Aurore de sa lettre sur l'affaire Dreyfus.

Caricature illustrant l'opposition entre les intellectuels dreyfusards, dont l'écrivain Émile Zola, combattant avec des plumes et de l'encre contre les militaires français antidreyfusards durant l'affaire Dreyfus.
Des accusations pour une révision. Le 23 février 1898 Émile Zola est condamné à un an de prison et 3.000 francs d'amende pour diffamation, à la suite de la publication le 13 janvier 1898, de son célèbre et audacieux «J'accuse», paru dans l'Aurore. Ce procès est l'affaire dans «l'affaire Dreyfus», qui se termine le 12 juillet 1906. La condamnation du gérant du journal, Alexandre Perrenx, sera de quatre mois de prison et une amende d'un montant identique à celui de l'écrivain.
Une de «L'Aurore» du 13 janvier 1898
avec le texte d'Émile Zola relatif à l'affaire Dreyfus

Dans cette lettre ouverte adressée au Président de la République Félix Faure, le journaliste et écrivain expose la machination qui a conduit en décembre 1894 à la condamnation d'Alfred Dreyfus -un officier français d'origine alsacienne, de confession juive- dans une affaire d'espionnage. Zola y dévoile également le véritable traître, le commandant Esterhazy -qui vient d'être acquitté quelques jours auparavant par le Premier conseil de guerre de Paris. C'est précisément cet acquittement qui l'a poussé à prendre la plume. Il termine son texte en dénonçant également les coupables de cette erreur judiciaire -l'État, dont le général Billot ministre de la Guerre, et l'état-major- par une litanie de «j'accuse…».

L'engagement de l'intellectuel dans «l'Affaire»


L'auteur, parfaitement conscient qu'il risque d'être poursuivi pour diffamation, souhaite relancer l'affaire Dreyfus et ouvrir la voie à la révision du procès du déporté de l'île au Diable (bagne de Cayenne en Guyane), injustement condamné. L'article fait l'effet d'une bombe, bouscule les certitudes de certains, le doute s'immisce davantage dans les esprits: l'affaire redémarre. Et devient politique.
L'engagement de Zola est très fort avec son pamphlet. C'est la première fois qu'un intellectuel s'engage autant dans une affaire. Celui de Zola n'est pas nouveau, l'écrivain s'est déjà exprimé publiquement dans Le Figaro sur l'antisémitisme (en 1896) et sur l'affaire Dreyfus à l'automne 1897. Ses propos mécontentent d'ailleurs les lecteurs qui menacent de se désabonner. Effrayé le journal prend ses distances avec Zola.
L'écrivain Émile Zola, ici vers 1871.
Sans surprise le ministre de la Guerre poursuit Émile Zola pour diffamation devant la cour d'assises de la Seine. Le procès se déroule à Paris du 7 au 23 février dans une ambiance particulière: la France vit dans un climat d'antisémitisme et de nationalisme très fort et les partisans et adversaires de Dreyfus s'affrontent. Les premiers mettent en avant la justice et la vérité quand les seconds font valoir le respect de la chose jugée et l'honneur de l'Armée. En 1898 la majorité des Français est antidreyfusarde, tout comme une très large majorité de la presse. Et l'agitation très vive dans la rue -sorte de guerre civile- menace la IIIe République, encore fragile à l'époque.

La foule se déchaîne contre Zola

Si Émile Zola reçoit des messages de soutien venus de l'étranger, sur le territoire national il est conspué, hué, haï -et cette haine sera persistance chez certains Français. Ainsi Le Figaro relate dans son édition du 8 février, que l'arrivée de l'écrivain au Palais de justice, au premier jour d'audience, se fait sous les cris. Mais celui de «à bas Zola!» couvre largement les autres -«à bas la crapule!» et «vive Zola!». Et le journaliste, Albert Bataille, qui couvre les audiences criminelles depuis vingt-deux ans, écrit ne pas se souvenir d'avoir vu «une salle aussi houleuse».
Dans l'édition du Figaro daté du 24 février le journaliste et écrivain Charles Chincholle raconte, glacé, la réaction du public après l'annonce du verdict: «Quand on annonce officiellement que Zola est condamné au maximum, c'est-à-dire à un an de prison et à trois mille francs d'amende, on mêle
Caricature du romancier Émile Zola (1840-1902)
et la postérité, dessin de la
revue hebdomadaire «Psst...!» de mai 1898
encore ces deux cris: «Vive l'armée! -Mort aux juifs!» Et si le cri de «Vive l'armée» est toujours joyeux, rien ne peut rendre la férocité grandissante de celui de: «Mort aux juifs!» On croirait vraiment avoir autour de soi des carnassiers auxquels vient d'être jetée de la viande. Et ce n'est pas seulement odieux. Cela fait peur.»
La haine et la tension sont telles que pour éviter tout accident après le verdict, le préfet de police fait placer sur divers points de Paris des détachements de troupes, capables de prêter main-forte aux agents en cas d'alerte. Mais comme le verdict correspond aux attentes du peuple la soirée et la nuit sont calmes.
Émile Zola fait appel du jugement mais la condamnation est confirmée par le tribunal de Versailles le 18 juillet 1898. Il part en exil en Angleterre avant l'application du jugement -son retour en France se fera en juin 1899. Le romancier, qui meurt en 1902, ne voit pas la réhabilitation du capitaine Dreyfus et sa réintégration dans l'armée.

La condamnation

M. Émile Zola est condamné au maximum des peines qu'il avait encourues pour avoir «procuré au gérant de L'Aurore les moyens de commettre une diffamation contre le 1er Conseil de guerre de Paris».
Cette condamnation ne surprendra, j'imagine, aucun de ceux qui ont suivi attentivement les débats de ces quinze longues audiences et les mouvements d'opinion ou de rue qui s'y rattachaient. Le jury de la Seine ne pouvait pas rendre un verdict autre que celui qu'il a rendu. Il était forcé de déclarer M. Zola coupable, et de repousser toute espèce de circonstances atténuantes. D'abord, et avant tout, ni M. Zola ni ses défenseurs n'ont apporté un argument, une preuve démontrant soit que Dreyfus est innocent, soit qu'Esterhazy est coupable.

En dehors de cette raison, qui suffisait à elle seule, différents motifs impérieux, pesaient sur les délibérations du jury. Et de tous ces motifs je ne veux retenir que celui qui est à l'honneur des jurés eux-mêmes, et à l'honneur de l'opinion publique dont ils ont été l'organe et le reflet.
Couverture du «Petit Journal»
du 23 décembre 1894: le capitaine Dreyfus
devant la cour martiale

Emportée sur une pente irrésistible, l'affaire Zola, ou l'affaire Dreyfus -c'est la même chose- avait dévié rapidement de sa direction primitive. Au début, lorsque le bruit se répandit que des doutes étaient nés dans certains esprits sur la culpabilité du condamné de l'île du Diable, on pouvait croire qu'il serait possible de les éclairer par de loyales et franches explications. Mais presque aussitôt les passions s'enflammèrent, et au lieu de s'acheminer vers une révision légale, paisible, on versa dans un état de violences furibondes.
Il se forma presque instantanément deux groupes extrêmes. L'un tenait pour l'innocence de Dreyfus, l'autre pour sa culpabilité. Le premier fut immédiatement accusé par le second d'insulter l'armée tout entière en cherchant à démontrer que les juges du Conseil de guerre de 1894 s'étaient trompés. Cette accusation prit corps, devint si non légitime, du moins vraisemblable, lorsque l'on vit se ranger parmi les partisans de l'innocence de Dreyfus tous les hommes, ou à peu près, dont les doctrines politiques sont les négations mêmes de la discipline militaire. Le jour où les socialistes s'avisèrent de réclamer la révision et de déclarer que Dreyfus avait été illégalement condamné, la situation se précisa et la lutte fut portée sur le terrain militaire.
À la Cour d'assises mille incidents transformèrent le procès en un duel entre les amis de l'armée et les internationaux de l'intellectualité ou de la Révolution.
Il fallut choisir entre l'armée française et ses détracteurs. Il n'y eut plus de place pour les gens qui voulaient allier ensemble l'amour de l'armée qu'on nous enseigne depuis vingt-sept ans, l'amour de l'armée, auquel nous avons tout sacrifié, même l'indépendance de notre vie individuelle, et la recherche des erreurs possibles d'un Conseil de guerre.

À la Cour d'assises, malgré les efforts des avocats qui comprenaient quelle déchéance cet antagonisme créait à la défense et à ses clients, mille incidents transformèrent le procès en un duel entre les amis de l'armée et les internationaux de l'intellectualité ou de la Révolution. C'était la déroute. C'était la condamnation de M. Zola, et par contrecoup une sorte de confirmation de l'arrêt du Conseil de guerre de 1894.
Manifestation antidreyfusarde le 2 octobre 1898,
près de la salle Wagram à Paris
où devaient se réunir les partisans de Dreyfus.
Illustration du journal «Le Pélerin» daté du 18 octobre

Car sur le jury se mirent à peser, non seulement l'opinion publique bruyamment exprimée dans les rues de la capitale et jusque sur les bancs de la Chambre des députés, mais aussi l'opinion publique de la province tout entière. On peut discuter sur la sincérité des manifestations de nos rues. On ne peut pas mettre en doute la sincérité du sentiment de la population du pays.
Et qui donc pourra faire un crime, un reproche même, aux Français des villes et des campagnes de ne pas avoir hésité un instant entre la parole des généraux et celle du défenseur de M. Zola, entre les serments des chefs de l'armée et les serments de M. Zola lui-même? Si l'opinion avait pu balancer un instant, c'eût été le symptôme de la décadence irrésistible et de la désagrégation irrémédiable de ce pays-ci.
M. Zola est broyé, justement et légalement broyé, pour avoir entrepris sans preuves une réhabilitation qui eût exigé des amoncellements de preuves.
Que serait, s'imagine-t-on, une nation qui aurait dépensé vingt milliards pour son armée, qui lui donnerait les plus intelligents et les plus actifs parmi son élite, tous ses enfants sans exception, et qui cependant aurait si peu de confiance en ses propres efforts qu'elle douterait de la parole d'honneur des chefs à qui elle offre tout cet or et tout ce sang? Non, non. La question étant ainsi posée, moins par les hommes que par la force des choses, ce qui est arrivé devait arriver.
M. Zola est la victime de son imprudence d'abord, et du tour irrésistible imprimé aux événements qu'il voulait diriger. Nul, je le crois, ne mettra en doute sa sincérité, son désintéressement. D'aucuns le plaindront. D'aucuns peut-être l'envieront, car même lorsqu'on se trompe, il y a quelque chose d'attirant dans les souffrances supportées pour un idéal. Mais il est broyé, justement et légalement broyé, par la grande loi du salut public, qu'on doit avoir invoquée souvent parmi les gens qui font groupe avec lui. Il est broyé surtout, justement et légalement broyé, pour avoir entrepris sans preuves une réhabilitation qui eût exigé des amoncellements de preuves.
Dessin de Caran d'Ache paru dans «Le Figaro» du 14 février 1899,
illustrant le fait que l'affaire Dreyfus déchaîne les passions
et divise les Français. En légende: en haut
«Surtout ne parlons pas de l'affaire Dreyfus»; en bas «Ils en ont parlé»
Maintenant que ce long cauchemar est terminé, ce que nous aurions de mieux à faire, tous, orateurs et publicistes, ce serait d'organiser le silence autour de lui. Le patriotisme nous le commande. Car, outre qu'il n'est pas bon d'entretenir les divisions, de cultiver les haines, de nourrir dans les cervelles les idées de trahison, les instincts sauvages, les régressions vers la barbarie, nous commettrions un véritable crime contre notre race et contre sa sécurité, sa renommée et ses qualités, si nous perpétuions un état violent qui dénaturerait, avec les sentences du suffrage universel, les sources de la vie politique et les destinées mêmes de la patrie.
L'intérêt matériel veut que nous prêchions l'apaisement et l'oubli qui ramèneront la confiance et, avec la confiance, les affaires, dont tous, petits et grands, travailleurs des bras ou du cerveau, nous vivons. Personne de nous n'a intérêt à ce que dure l'abominable crise que nous venons de traverser. Terminons-la. Le meilleur moyen de chasser la tranquillité publique est de dire qu'elle n'existe pas. Le seul moyen de la ramener est de se comporter comme si elle existait.





L'atac nord-americà de Doolittle contra el Japó va canviar el corrent de la Segona Guerra Mundial

Fa 80 anys: el Doolittle Raid va marcar el dia que sabíem que podríem guanyar la Segona Guerra Mundial. Com a patriòtic nord-americà, durant...