«Nous voterons»
«Oui»
«Non»
«Grève générale»
Sans surprise, les résultats du référendum annoncés par le gouvernement catalan ont donné une victoire écrasante du «oui» à 90%. Dès le lendemain du scrutin, un appel à la grève générale a été lancé par une quarantaine d'organisations pour protester contre les violences policières qui ont marqué la journée de vote du dimanche et ont fait plusieurs blessés.Une manifestation contre ces violences a rassemblé 700.000 personnes à Barcelone. Le soir même, le roi Felipe VI a lancé une charge cinglante contre les dirigeants indépendantistes. Une journée à l'image des semaines qui ont suivi, pendant lesquelles la tension n'a cessé de grimper.
«Nous sommes l'Espagne»
La montée des tensions n'a pas seulement galvanisé les indépendantistes. Elles a aussi réveillé la ferveur nationaliste d'une partie de la population du pays, comme l'illustrent les records de vente du drapeau espagnol. Le jour même du vote, plusieurs anti-indépendantistes se sont rassemblés. Puis le 7 octobre, à Madrid, 50.000 personnes ont défilé pour défendre «l'unité de l'Espagne». En parallèle, des manifestants prônant le dialogue se réunissaient à Barcelone. Le lendemain, c'est également à Barcelone que les partisans d'une Catalogne espagnole se sont de nouveau rassemblés, au nombre de 300.000.«Puigdemont traître»
Ces dernières semaines, le président catalan Carles Puigdemont a dû faire face à une opposition de plus en plus forte au sein de son propre camp. Outre l'affrontement avec Madrid, il a également été attaqué par une partie des indépendantistes qui ont vécu comme une trahison son refus de déclarer unilatéralement et sans réserve l'indépendance le 10 octobre, comme l'illustre ce graffiti inscrit sur un arrêt de bus.Jeudi 26 octobre, il a également fait face à des défections au sein de son exécutif en refusant de convoquer de nouvelles élections tout en refusant de proclamer l'indépendance
«Franco est de retour»
Ce visage de Franco sur un mur en dit beaucoup sur la crise politique qui agite l'Espagne. Samedi 21 octobre, le premier ministre conservateur Mariano Rajoy et son gouvernement ont enclenché l'article 155 de la Constitution espagnole, qui permet à Madrid d'intervenir directement dans une région sur des prérogatives qui ne lui reviennent pas en temps normal.Cette intervention du gouvernement central vis-à-vis du pouvoir régional intervient sur fond d'un discours porté par une partie des indépendantistes associant l'action de Madrid aux méthodes du pouvoir franquiste. Plus largement, à la question de l'indépendance se greffe une mise en cause d'un pouvoir qui ne respecterait pas les principes démocratiques.
L'opposition entre un pouvoir central et un pouvoir régional, les violences policières du 1er octobre et les arrestations de personnalités politiques ont ravivé des querelles historiques et politiques espagnoles liées au franquisme. Au-delà de la seule population catalane, les Espagnols continuent d'entretenir un rapport complexe à cette histoire qui transparaît dans cet affrontement autour de la répartition du pouvoir dans le pays. La question de cette répartition et des institutions, dont le modèle actuel a été défini à l'issue de la dictature, est au coeur de la crise actuelle. De nombreuses voix défendent la nécessité d'une réforme constitutionnelle.