Manifestation
pro-indépendance, en juin dernier.
Depuis que son président
Carles Puigdemont a annoncé que la Catalogne organisera le 1er
octobre prochain un référendum sur son indépendance, le conflit
entre Barcelone et Madrid, commencé il y a cinq ans, s'est encore
durci.
La Catalogne est la région la
plus riche d'Espagne (20 % de la richesse du pays), une des plus
attractives sur le plan économique et touristique, et la plus
rebelle au pouvoir central. Sa possible sécession, que ses partisans
réclament officiellement depuis 5 ans, vient à nouveau de gagner en
vigueur depuis qu'en juin dernier le gouvernement autonome catalan a
annoncé, contre l'avis du pouvoir espagnol de Mariano Rajoy, la
tenue d'un référendum sur l'indépendance. Ce scrutin
d'autodétermination est vu comme «le moment pour les Catalans de
décider de leur futur», selon son instigateur, le président
catalan Carles Puigdemont du mouvement indépendantiste radical Parti
démocratique de Catalogne (Pdecat).
Catalogne: l'indépendance est sur des rails
Le gouvernement catalan avait
déjà demandé l'avis de sa population sur l'indépendance de leur
région en 2014, lors d'un référendum consultatif, qui avait fait
grand bruit et avait mobilisé plus de 2 millions des 6 millions
d'électeurs catalans. L'organisateur de ce premier référendum,
Artur Mas, était à l'époque le président de la région catalogne.
Sa victoire en 2012 avec son parti CIU aux élections régionales
anticipées lui avait permis de rendre crédible son projet d'État
souverain aux yeux des Catalans.
Le précédent référendum d'Artur Mas
Mas s'est retrouvé en février
dernier devant le tribunal, accusé par la justice espagnole d'avoir
organisé ce référendum de novembre 2014, qui avait été
déclaré illégal et interdit par la cour suprême espagnole. Il a
été condamné à deux ans d'inéligibilité. Pour beaucoup, ce
verdict sévère est un avertissement lancé aux actuels dirigeants,
notamment à Carles Puigdemont, qui a succédé à Mas à la tête de
la région de Catalogne.
Mais Puigdemont a d'ores et
déjà annoncé qu'il maintiendra le référendum d'octobre. «Le
référendum n'est pas un problème mais un honneur», affirme le
porte-parole du gouvernement catalan, Jordi Turull. Les
indépendantistes semblent disposés à prendre le risque de devenir
«hors la loi» en maintenant, malgré les mises en garde de Madrid,
leur référendum. Puigdemont compte même, si le oui l'emporte,
déclarer l'indépendance dès le lendemain.
»
Carles Puigdemont: «Le droit à l'autodétermination existe!»
Le gouvernement central n'a
pas toujours réagi aussi durement face aux velléités de Barcelone.
En 2006, quand les idées nationalistes catalanes ont commencé à
s'organiser plus concrètement, le parlement espagnol a reconnu un
nouveau statut à la communauté autonome du nord est espagnol. Un
geste qui semble avoir libéré la fièvre indépendantiste.
Plus récemment, afin à
nouveau de décrisper les relations avec Barcelone, le premier
ministre espagnol a promis 4,2 milliards d'investissement dans
la région d'ici 2022. Mais, plus que sur des promesses financières,
Madrid mise sur un essoufflement de la cause indépendantiste qui
semble se préciser depuis plusieurs mois. Beaucoup ne suivent en
effet pas le tournant plus extrême pris par le président de la
région et sa coalition indépendantiste.
Les indépendantistes ne sont pas majoritaires
Les partisans plus modérés
quittent le navire devant l'ampleur de la tâche et les obstacles
judiciaires montés par le gouvernement espagnol. Quatre conseillers
de l'exécutif régional, qui font office de ministre, ont ainsi
démissionné ou été relevés de leur fonction par le gouvernement
catalan. Ils ont été remplacés par des membres plus radicaux du
parti démocratique de Catalogne, surnommés les «catalibans» par
les anti indépendantistes, pour leur vision radicale de la
séparation. Le gouvernement Rajoy voit cette «purge» des modérés
comme un dernier acte désespéré des radicaux, et l'a qualifié de
«dérive très inquiétante», par la voix de son porte-parole,
Inigo Mendez de Vigo.
Catalogne:
entre Berga et Lérida s'expriment tous les tourments des futurs
électeurs
Dans une enquête publiée
vendredi dernier par le Centre d'Estudi d'Opinions, qui dépend du
gouvernement catalan, à la question «voulez-vous que la Catalogne
soit un État indépendant?», 49,4% des sondés ont répondu «non»,
41,1% «oui», le reste ne se prononçant pas. Mais à la question
«le 1er octobre, le gouvernement catalan a prévu d'organiser un
référendum sans l'accord du gouvernement espagnol. Que
ferez-vous?», le «oui» l'emporte largement, par 62,4% des voix,
contre 37,6% pour le «non». Les unionistes, bien que majoritaires,
pourraient, pour de multiples raisons, ne pas se rendre aux urnes le
1er octobre prochain. Et aux yeux du président catalan, si le «oui»
l'emporte, le processus indépendantiste doit aussitôt être
enclenché.