divendres, 29 de setembre del 2017

Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle

Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle : un effet «Club Med» qui égare les pèlerins






Après Le Puy en Velay, le plateau de l'Aubrac ouvre la route vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
Après Le Puy en Velay, le plateau de l'Aubrac ouvre la route vers Saint-Jacques-de-Compostelle. 

 La haute fréquentation du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle pousse les pèlerins à céder à l'instinct grégaire au long de la route. Pour deux d'entre eux, la solitude devrait pourtant demeurer au cœur de ce pèlerinage millénaire.

Antoine Athanassiadis et Aymeric de Lamotte, pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Du pied de la majestueuse cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation du Puy-en-Velay, nous nous sommes lancés sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle et avons cheminé douze jours, la plupart du temps séparés, à travers la Haute-Loire, la Lozère et l'Aveyron pour rejoindre Figeac. Douze jours à fouler la roche granitique de la Margeride, à traverser les plaines de feu de l'Aubrac où le vent dissimule les furtives morsures d'un soleil de plomb, et à serpenter dans les forêts luxuriantes de la vallée du Lot. Une promenade de santé comparée aux milliers de pèlerins qui creusent un peu plus profondément les marques de treize siècles de pas pour atteindre un lieu au destin mythique: Saint-Jacques-de-Compostelle. Nous avons parcouru un court tronçon certes, mais fort d'un vécu qui nous permet de tirer les impressions de ce pèlerinage qui meut le Vieux Continent depuis Charlemagne.
Fuir la frénésie des villes? Revenir à soi dans la solitude de la marche? Raviver la flamme d'une foi assoupie? Rencontrer l'Autre? Nous n'avons pas la prétention de s'ériger en juges des raisons qui poussent les esprits et les cœurs à affronter les chemins, ni celle de prêcher sentencieusement ce qu'ils «sont». Nous avons pour seule ambition de mettre en avant une tendance, nuisible à nos yeux, qui fait son chemin sur les sentiers de Saint-Jacques: l'instinct grégaire, cet effet d'attroupement «humain trop humain». En un mot: un effet «Club Med». Voyez Jean-Luc et Véronique qui se rencontrent au départ de leur périple, se retrouvent à la prochaine étape conseillée dans leur guide, se racontent les premiers «bobos» qui surgissent, détaillent les signes avant-coureurs de fatigue, échangent avec gravité sur les peines et les récompenses du territoire. L'entente est cordiale, très vite les langues se délient et rejouent à l'envi la partition des petites conversations quotidiennes. L'affaire est entendue: Jean-Luc et Véronique réserveront le même gîte, dîneront ce soir à la même table et se feront la promesse de faire un bout de chemin ensemble dès le lendemain. Ce scénario s'écrira à plusieurs. Étape par étape, gîte après gîte, un groupe se sera formé. Compostelle aura filé - quelle belle randonnée!



Que l'on ne s'y trompe pas: il ne s'agit pas ici de s'opposer à l'enrichissement évident qu'offre une rencontre spontanée entre individus mais de lutter contre ces réflexes de socialisation automatiques, presque désespérés, qui détournent les marcheurs de ce qui constitue, pour beaucoup, le sens même du pèlerinage, à savoir la solitude de la marche et son appel à la vie intérieure auxquels nous invitent les chemins de Saint-Jacques ; cet appel qui se tait au seuil des bistrots et se noie dans l'écume des bières qui s'entrechoquent et s'empilent.
Cette solitude invite au ruminement de la pensée. Mise en branle par la marche, la pensée solitaire suit un processus au long cours qui exige un effort lent et continu, d'où surgissent les souvenirs enfouis qui façonnent et les pensées qui fécondent. L'exercice est exigeant mais productif lorsqu'il dépasse l'horizon des discours et des pratiques que l'on répète à satiété par désir de confort et de sécurité. En un sens, la marche solitaire est une prise de risque pour soi-même. Mais elle n'est pas pour autant un repli sur soi, le fait d'une solitude revêche: véritable décentrement, elle éveille nos sens, nous ouvre à la singularité spectaculaire de la nature, à la vitalité d'un territoire, et aux liens séculiers qui enracinent les hommes et les femmes dans une Histoire.
Cette Histoire délivre ses secrets à la curiosité patiente de celui qui voudra bien s'arrêter et faire la rencontre fortuite - ce fut notre cas! - de Lucien Soulier, paysan et maire de la commune de Lajo pendant quarante-deux ans, de 1959 à 2001. Revenu de la guerre d'Algérie, il prenait les rênes de sa commune à seulement 26 ans, alors le plus jeune maire de France, afin de la «sortir de l'ornière», nous confiait-il d'une voix émue mais pleine d'une vigueur politique que le temps n'avait su estomper. Lucien échangeait tranquillement en occitan avec son épouse, Marie-Thérèse, à l'ombre de la Chapelle St-Roch. Poussés par la curiosité que suscitait chez nous ce patois local, nous les avons accostés timidement et Lucien nous projetait alors dans cinquante années d'histoire personnelle, qui était aussi celle du lieu et du terroir que nous foulions depuis l'aube. Des discussions distraites et le désir de suivre un programme de marche défini par avance nous auraient naturellement détournés de ces récits de vie qui foisonnent pourtant aux abords des chemins. Pour le pèlerin qui ne se contente pas de passer et de ne laisser pour trace que sa consommation des lieux, ces rencontres donnent au pèlerinage un sens particulier: une quête de soi inédite, ouverte sur le monde.



Il resterait tant à dire à propos des chemins de Compostelle - qu'il suffise de penser au paradoxe de sa marchandisation croissante, qui à la fois encourage l'effet «Club Med» et favorise les économies locales parfois à bout de souffle. C'est que les chemins de Saint-Jacques nous disent quelque chose de notre monde contemporain. Dans nos sociétés non-réconciliées, qui créent souvent l'isolement généralisé des individus et exercent une pression à la segmentation sociale (une forme politique de l'instinct grégaire), c'est le sens même de notre rapport à soi et aux autres qui se défait. Or, par sa dimension intérieure, l'expérience de la marche est peut-être l'opportunité de réévaluer, ici et maintenant, le sens de ce qui fait l'individu, son autonomie, et partant, le sens du vivre ensemble que l'on souhaite. Renoncer à l'effet d'attroupement, privilégier l'intimité des rencontres, oser l'audace des discussions qui bousculent nos habitudes: par là, Compostelle fait, mieux qu'ailleurs, bouger les lignes et les frontières, celles des classes sociales et des formes de spiritualités qui trop souvent s'ignorent. Un rare îlot d'universalité.
«Ultreïa!» lançaient les pèlerins: «Toujours plus haut, toujours plus loin!»

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