Depuis des années, le changement d'heure est pointé du doigt pour ses effets sur la santé, l'agriculture ou les accidents de la route. Jeudi, le Parlement européen a adopté une résolution visant à évaluer et, le cas échéant, à supprimer le système de changement d'heure.
En a-t-on bientôt fini avec le changement d'heure, chaque automne et chaque printemps ? Les députés européens ont réclamé, jeudi 8 février, une "évaluation" détaillée du système de changement d'heure, qui pourrait aboutir à sa révision, après avoir longuement débattu de l'intérêt ou non de maintenir ces modifications horaires semestrielles.
Par 384 voix pour (153 voix contre), les parlementaires, réunis en session plénière à Strasbourg, ont demandé à la Commission européenne de "lancer une évaluation complète" du système actuel et, si nécessaire, de "présenter une proposition pour la réviser".
"Des effets négatifs sur la santé des êtres humains"
De nombreuses études, si elles n'aboutissent pas à des conclusions définitives, ont indiqué l'existence d'effets négatifs sur la santé des êtres humains" de ces décalages d'une heure intervenant les derniers week-ends de mars et d'octobre, soulignent les eurodéputés.
Ainsi, dans les jours qui suivent le changement d’heure, on observe un pic d’accidentalité de +40% pour les piétons en fin de journée, assure la Sécurité routière.
En outre, les chronobiologistes affirment que le changement d'heure occasionne une augmentation du "stress, de la fatigue, des troubles du sommeil et de l’alimentation pendant cette période", indique Le Parisien. Des chercheurs finlandais de l’université de Turku ont par ailleurs découvert un taux d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) ischémique en hausse de 8% pendant les deux jours qui suivent ce changement de rythme, précise le quotidien.
Le vote pourrait changer la vie de près de 510 millions d'Européens, et des 67 millions de Français. Les députés du Parlement européen se sont prononcés ce jeudi midi en faveur d'une résolution visant à mettre fin au changement d'heure au sein des pays membres. Le scrutin a obtenu une majorité de 384 voix sur les 549 eurodéputés votants. Le texte, défendu par 70 députés «chronophiles», a été insufflé par des initiatives et des pétitions citoyennes. Ces organisations, comme l'Association contre l'heure d'été double (ACHED), dénoncent ces changements d'heure et leurs effets nocifs sur la santé et jugent également discutables les économies d'énergies ainsi réalisées.
L'heure d'hiver pourrait ainsi devenir l'heure référence pendant les douze mois de l'année. Mais la mesure ne sera pas effective dans l'immédiat. La Commission européenne doit encore convaincre les 28 États membres d'appliquer la résolution.
La France convertie sous VGE
Le changement d'heure a été adopté dans plusieurs pays au lendemain du choc pétrolier de 1973-1974. La France s'y est convertie en 1976, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing. L'objectif du passage à l'heure d'été était de faire des économies d'éclairage, en faisant coïncider les horaires d'activité avec les horaires d'ensoleillement afin de limiter les besoins en éclairage. Depuis, Bruxelles a décidé d'harmoniser les dates de changement d'heure, pour faciliter les transports, les communications et les échanges au sein de l'Union. Ainsi, depuis 1998, pour l'ensemble des États membres, le passage à l'heure d'été intervient le dernier dimanche de mars à 2 heures du matin et le passage à l'heure d'hiver intervient le dernier dimanche d'octobre à 3 heures du matin. Chaque pays est libre d'y renoncer à condition de prévenir les autres membres plusieurs années à l'avance.
Les économies observées seraient minimes, inférieures à 0,1%. À la fin des années 2000, la France économisait seulement 440 GWh, soit la consommation pour éclairer sur une année une ville de 800.000 habitants comme Marseille. Avec l'optimisation de l'éclairage public, les gains sont tombés à 351 GWh ces dernières années. Les effets sur la santé, avancés par les détracteurs de l'heure d'été, ne sont pas clairs. En 2015, la Commission européenne a même reconnu «des problèmes possibles de santé». Le changement d'heure perturbe certes notre horloge interne, mais l'adaptation est en principe très rapide.